Hypocrisie participative

Cet article est issu du tout premier numéro du Réfractaire de Décembre 2014.

« Démocratie participative ». Voilà une idée pleine de promesses. Ça sonne presque comme « démocratie directe » mais en plus soft. Et bien figurez vous qu’il s’agit du nouveau dada de la mairie de Rodez. Cette dernière entend se « démocratiser » un peu plus à travers des comités de quartiers, un conseil des jeunes, un conseil des aînés et un conseil municipal des enfants qui formeront les quatre « commissions extra municipales consultatives » d’après la maigre documentation disponible dans le hall de la mairie. Alors qu’est-ce que tout ça veut dire? Non, Teyssèdre et son équipe municipale ne tentent pas d’instaurer le socialisme ou le communisme de conseil. La classe politique locale au pouvoir essaye juste de nous dire qu’elle va feindre de porter une quelconque attention aux revendications de ses administrés. On aura désormais un violon dans lequel pisser.
Dans une interview donnée au journal Le Ruthénois, Monique Bultel-Hermet, la « Madame démocratie participative à la mairie de Rodez », nous explique le rôle consultatif des comités de quartiers. « Ils seront consultés pour les grands projets à l’échelle de la ville. Ils émettront un avis. Puis, au niveau du quartier proprement dit, ils auront le pouvoir d’impulser et de contribuer à la réalisation de petits équipements sportifs, ludiques et d’embellissement. » Quelle belle façon de dire qu’ils n’ont strictement aucun pouvoir décisionnel… Non seulement leur domaine de compétence est très réduit, mais on ne leur laisse que la possibilité d’émettre « un avis ». C’est ça la démocratie? Non. La démocratie, si elle doit exister, est nécessairement directe, sans quoi on remplace le gouvernement du peuple par le gouvernement des représentants du peuple, de la classe politique.
Les comités de quartiers ne doivent pas être de bêtes outils consultatifs d’une autorité supérieure, ils doivent être souverains. Seuls les habitants d’un quartiers ou d’une commune devraient décider de la vie du quartier ou de la commune. Et il conviendrait d’étendre l’idée à la totalité de la sphère sociale, et donc à nos lieux de travail en remplaçant les patrons et autres hiérarchies parasitaires par des conseils de travailleurs. Ainsi nous pourrons effectivement prendre nos vies en main et nous débarrasser des politicards de tous bords. Voilà la démocratie.

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