Le « docteur D. », médecin homéopathe azuréen, a été radié pendant 2 ans suite à une plainte déposée le 20 septembre 2012 par Claudie F. avant qu’elle ne décède de son cancer du sein. Le médecin lui avait prescrit des solutions homéopathiques à base de radis noir et d’arnica au détriment d’une chimiothérapie.
En mai dernier un enfant de 7 ans est mort d’une otite en Italie. Il a été déclaré en état de mort cérébrale après deux semaines de fièvre et quelques jours de coma. Ses parents ont jugé bon de soigner son otite à grand renfort d’homéopathie.
Dans ces deux cas l’homéopathie n’a pas fonctionné car il s’agit d’une pratique pseudo-scientifique dont l’efficacité n’a jamais pu être prouvée.
Son fonctionnement est grosso modo le suivant: Si un principe actif provoque les symptômes d’une maladie chez une personne en bonne santé, alors une personne souffrant de cette maladie peut être soignée grâce à ce même principe actif. Cela revient à considérer que le meilleur moyen de soigner une brûlure doit certainement être quelque chose qui provoque des brûlures.
Mais ce n’est pas tout. Une autre règle de l’homéopathie veut que moins il y a de principe actif dans une solution (même s’il n’en reste plus une trace) plus elle sera efficace. Et ce grâce à une prétendue « mémoire de l’eau » que l’on doit au Docteur Jacques Benveniste. Selon lui, l’eau conserverait une trace des principes actifs avec lesquels elle serait entrée en contact.
Nous en arrivons donc à la phase de dilution. Les doses homéopathiques sont exprimées en CH ou Centésimale Hahnemanniènne, du nom de l’inventeur de l’homéopathie Friedrich Hahnemann. 1CH correspond à 1 volume de principe actif dilué dans 99 volumes d’eau, soit une concentration à 1%. Répéter l’opération en diluant la solution 1CH dans 99 fois son volume d’eau nous donne une solution à 2CH, soit une concentration à 0,01%. Par exemple, une dose d’un litre de traitement homéopathique à 9CH contiendra 10^-18 litre de principe actif. Soit 0,000000000000000001 litre.
L’homéopathie, comme tant d’autres « médecines alternatives », est souvent présentée par ses défenseurs comme un moyen de lutter contre les lobbies pharmaceutiques, la méchante médecine chimique et la froide science occidentale. Et c’est peut-être ça le plus drôle. Non seulement les nombreuses études menées sur l’homéopathie ont maintes fois démontré son inefficacité, mais elle représente un commerce très lucratif pour des entreprises comme les laboratoires Boiron qui affichent un chiffre d’affaire de plus de 600 millions d’euros par an.
Le produit phare de Boiron est l’Oscillococcinum, un remède homéopathique censé soigner la grippe et qui contient 200CH de fois et de cœur de canard dilués dans des billes de sucre. En sachant qu’au delà de 15CH il n’existe plus une seule molécule de principe actif dans la solution et que 40CH représente la dilution d’un seul atome dans tout l’univers observable. Pour les femmes enceintes les laboratoires Boiron auront tout de même le bon sens de préciser que « compte-tenu de la hauteur de dilution, et malgré l’absence de données expérimentales et cliniques suffisantes, OSCILLOCOCCINUM peut être pris pendant la grossesse et l’allaitement. » Les seuls effets secondaires qui pourraient affecter la future mère ce sont des caries. Mais plus important, le danger viendrait surtout de la substitution de la médecine scientifique au bénéfice de l’homéopathie, et donc de l’absence de traitement efficace de la grippe chez la femme enceinte qui est plus sujette à des complications.
S’il est évident que la marchandisation de la santé, l’accès aux soins et l’influence des lobbies dans les milieux scientifiques sont des problèmes de taille dans notre société, ce n’est pas une raison pour dénigrer des siècles de recherche en accordant du crédit aux pseudo-sciences et en participant à un business qui n’a d’alternatif que le nom. Au contraire, ces pratiques sont dangereuses et représentent une véritable menace tant du point de vue de la santé publique, car elles tendent à se substituer à des traitements efficaces, que de la pensée critique et scientifique.
Edit: Mis à jour suivant la version envoyée pour le journal Anarchosyndicalisme! n°158