Il est habituel d’assimiler le terme de « racisme » à l’extrême-droite. L’actualité nous montre qu’il existe encore des gens comme Henry Lesquen pour penser l’humanité en terme de races et pour qui la « France, pays de race blanche » serait menacée par l’islamisation mais surtout par la « mélanisation », cette « explosion de la population de race congoïde ».
Sauf que les races au sein de l’humanité n’existent pas, la biologie et la génétique en attestent. On peut cependant distinguer des populations différentes dont les caractéristiques génétiques varient selon les régions du globe. Cela est dû au fait que ces caractéristiques sont déterminées par l’environnement. Ainsi, si vos grands parents sont originaires de la même région, il est possible d’arriver à déterminer à 100 kilomètres près où vous êtes né en fonction de votre génome (voir la vidéo de vulgarisation « Des races dans l’humanité ? » par DityBiology ci-dessous). Mais à aucun moment ces mutations génétiques liées à l’environnement ne permettent de justifier le concept de races humaines.
Pourtant, le concept de race revient, mais pas par là où on l’attend. S’il a jadis servi à justifier la tentative d’extermination des juifs par les nazis, la ségrégation aux États-Unis ou l’esclavage, il est aujourd’hui repris par des organisations telles que le PIR[1] et des groupes gauchistes, voire « libertaires », sous couvert de défense des victimes… de racisme.
Des individus comme Houria Bouteldja, la représentante du PIR, tentent de diffuser la vision d’une « lutte des races » teintée d’homophobie et d’antisémitisme. Dans son dernier ouvrage Les Blancs, les Juifs et nous, elle exprime clairement ce positionnement rétrograde: « J’appartiens à ma famille, à mon clan, à mon quartier, à ma race, à l’Algérie, à l’islam. » Elle affirme également que le mariage pour tous est un problème de blancs car il n’y a pas d’homosexuels chez les noirs et les arabes. Mais elle condamne également les unions hétérosexuelles entre personnes de « races » différentes: « La perspective décoloniale, c’est d’abord de nous aimer nous-même, de nous accepter, de nous marier avec une musulmane ou un musulman, un noir ou une noire »[2], le mariage mixte étant perçu comme « une ascension sociale ».
Cette vision extrêmement binaire et simpliste des rapports sociaux et du racisme se matérialisent par des actes et des positionnements absurdes. Les locaux de Mille Bâbords à Marseille et la libraire anarchiste La Discordia à Paris ont été attaqués par des autoproclamés « racisés » et au nom de l’antiracisme afin d’empêcher des débats autour de la question raciale. L’année dernière un « camp d’été décolonial » s’est vu refuser l’entrée aux blancs. Plus récemment Abdoulaye Traoré[3] s’est senti obligé de revendiquer publiquement son refus de participer à la Marche pour la Justice et la Dignité (pourtant organisée en parti par des associations racialistes) en justifiant qu’il « ne marche pas pour les blancs »: « Cette marche est organisée pour les blancs, pour réconforter les alliés blancs, les grands blancs. »[4]
Devant cette transformation de la lutte antiraciste en lubie identitaire il ne nous reste qu’à réaffirmer notre volonté d’amener une société solidaire, égalitaire et à tenter à de comprendre les rapports sociaux dans leur complexité et leurs contradictions. Loin des explications manichéennes et simplistes.
[1] Parti des Indigènes de la République.
[2] Revendiquer un monde décolonial, entretien de la revue Vacarme.
[3] Frère d’Adama Traoré, mort suite à son interpellation à Beaumont-sur-Oise.
[4] Pourquoi je n’irai pas marcher le 19 mars ? sur Médiapart