De la servitude

Sans attendre les réactions ou mots d’ordre de leur syndicat ou organisation politique, des citoyens, des militants et des lycéens se sont élevés contre le projet de loi sur le travail via les réseaux sociaux : une pétition puis un appel à la grève générale pour le 9 mars. En réponse à cet élan, les uns et les autres s’organisent sur le terrain : des assemblées générales, des réunions, des appels locaux à manifestation et blocus se planifient partout sur le territoire de façon quasi spontanée et autogérée, alors que les syndicats et partis politiques peinent encore à se positionner clairement au niveau national en matière d’action. Salariés, lycéens, retraités, syndiqués ou non, militants ou non, se mobilisent contre la loi El Khomri. Bref la rue se réveille ! Avec elle, n’attendons pas les directions syndicales pour lutter ! Car comment rester passif face à cette proposition de loi qui érige ouvertement en norme la servitude au travail !
Servitude du salarié à la vie de l’entreprise, qu’importe sa vie personnelle et familiale : augmentation de la durée du temps de travail quotidien , augmentation du temps de travail hebdomadaire, temps d’astreinte décompté des temps de repos, dispositif « forfaits-jours » étendu, facilitation des licenciements en cas de transfert d’entreprise, repos obligatoire de 11h fractionnable.
Servitude du salarié aux accords collectifs d’entreprise : durée du congé en cas de décès d’un proche plus garanti par la loi, heures supplémentaires majorées jusqu’à 5 fois moins par accord collectif, plus de minimum de dommages et intérêts en cas de licenciement abusif, baisse des salaires et changement du temps de travail par accord d’entreprise, mesures imposées par référendum contre l’avis de 70% des syndicats et licenciement personnel en cas de refus du salarié de modifier son temps ou sa durée de travail, plafonnement à 15 mois de salaire pour indemnité de licenciement abusif pour des salariés de plus de 15 ans d’ancienneté.
Ce qui effraie les citoyens, c’est bien cette servitude demandée au salarié-e pour préserver son emploi, ce sacrifice de sa vie personnelle, familiale et sociale au profit de celle de l’entreprise avec, sur la tête, l’épée de Damoclès du licenciement bien personnel celui-là !! C’est bien à cette servitude que nous dirons non le mercredi 9 mars !

Albert

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