Dimanche 4 novembre je m’empressais d’aller voir l’exposition temporaire du musée Fenaille qui portait sur l’île de Pâques. C’était ma dernière chance avant qu’elle ne déménage et ça tombait plutôt bien puisqu’on était le 1er dimanche du mois, ce qui est traditionnellement synonyme de gratuité des musées.
Quelle ne fût pas ma surprise lorsque l’hôtesse qui m’accueille me demande 11€ pour voir l’exposition. Devant ma mine déconfite elle m’explique que la suppression de la gratuité des musées est la conséquence de l’ouverture du musée Soulages. Elle croit également bon d’insister sur le fait que mon billet me permet également d’aller visiter ce dernier. Je pars donc découvrir mon exposition, plus léger de 11€ mais lourd de contrariété. Rien à dire, l’expo est intéressante et plutôt bien fournie. J’apprends plein de choses et mon amertume s’estompe un peu.
Cependant, cette histoire de gratuité disparue me tracasse. Le musée Soulages est le troisième et dernier musée en date de Rodez avec les musées Fenaille (archéologie, art, histoire du Rouergue) et Denys Puech (beaux-arts). On aurait légitimement pu penser que, malgré le fait qu’il abrite un art inaccessible à la majorité des individus, cette dépense de 25 millions d’euros allait améliorer l’accès à la culture des ruthénois. Et bien c’est tout le contraire qui se produit. Au lieu de payer sa visite de l’exposition permanente des musées et d’aller occasionnellement découvrir gratuitement les expositions temporaires chaque 1er dimanche du mois, nous voilà contraints de dépenser 11€ à chaque fois que quelque chose de nouveau arrive sur Rodez. Ce qui est d’autant plus triste que la visite du musée Denys Puech n’est presque justifiée que par ses expositions temporaires tant on a rapidement fait le tour de son exposition permanente.
La culture à Rodez n’est plus pour toutes les bourses.
Onze euros pour participer à l’ensemble des musées de Rodez ! Pierre Soulages s’il est associé à l’art abstrait n’en est pas moins un acteur de l’art contemporain (sa vente record en novembre 2019, d’une toile de 1960 pour 9,6 millions d’euros chez Tajan à Paris). Loin des niveaux de ventes d’un Jeff Koons , Soulage est une valeur sûre du marché de l’art, reconnu, incontournable, institutionnalisé. « Plus de noir le soir, la nuit est Soulages ». Outil à défiscalisation, non sens artistique ou foutage de gueule intégral. Connaitre l’autosatisfaction intellectuelle à la visite accompagné du musée Soulage de Rodez « merci, madame, sans vous je n’y serais jamais arrivé !!! » De la perception d’une œuvre au traçage des onzes euros laissé un premier dimanche du mois. Même histoire et puis laissez vous gruger l’art est à se prix.