Quand Rodez jugeait les communards

Vous connaissez probablement l’histoire de la Commune de Paris. Le 18 mars 1871 la population parisienne prend les armes contre le gouvernement versaillais et instaure une république qui adopte des pratiques proches de l’autogestion et de la démocratie directe. Mais cet élan révolutionnaire ne se limite pas à Paris et très vite d’autres villes s’embrasent comme Marseille, Lyon, Saint-Étienne, Toulouse, Le Creusot, Limoges et Narbonne. A Narbonne justement, on apprend que Paris se soulève. Le 24 mars, le commandant de la Garde nationale est finalement autorisé à distribuer une certaine quantité de fusils à ses hommes. La distribution dégénère. Toute la garde nationale se présente, ainsi que d’autres citoyens. Le peuple en armes, sur la place de l’Hôtel de ville, scande : « La Commune ! La Commune ! » L’Hôtel de ville est envahi. C’est Émile Digeon, républicain « intransigeant » du Club de la Révolution, qui monte au balcon de l’Hôtel de ville et proclame la « constitution de la Commune centrale de l’arrondissement de Narbonne, avec union à celle de Paris ». Il en sera le « chef provisoire ». Mais la Commune narbonnaise est défaite le lendemain par le gouvernement de Thiers. Le procès des 44 civils interpellés se fera en novembre 1871 à… Rodez. Ce procès marquera très fortement Émile Pouget, anarchiste et syndicaliste originaire de Pont-de-Salars alors âgé de 11 ans. Après cette expérience, Digeon deviendra anarchiste, ce dont se félicite Louise Michel: « Brave Digeon ! Il avait vu tant de choses qu’au retour de Calédonie nous l’avons retrouvé anarchiste, de révolutionnaire autoritaire qu’il avait été, sa grande intégrité lui montrant le pouvoir comme la source de tous les crimes entassés contre les peuples. »

Extrait du Réfractaire n°5 de Janvier 2016

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